Nasrin Sotoudeh, 55 ans, purge déjà une peine de prison de cinq ans. Sa condamnation intervient après la nomination d’un radical à la tête de la justice iranienne.
L’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, célèbre militante des droits humains qui purge déjà une peine de prison de cinq ans, a été condamnée lundi à dix années d’emprisonnement supplémentaires et 148 coups de fouet. Son mari Reza Khandan, qui a confirmé la sentence mardi, a précisé qu’elle avait été condamnée pour « incitation à la débauche ».
Il a précisé que son épouse était condamnée au total à 33 années de prison, en plus des cinq ans qu’elle purge déjà depuis juin à la maison d’arrêt d’Evin, près de Téhéran, pour sept chefs d’accusation mais seule la peine la plus longue s’applique.
Les 148 coups de fouet lui seront infligés parce qu’elle s’était présentée une première fois devant le tribunal sans le voile islamique obligatoire pour les femmes dans l’espace public. Lundi, elle avait décidé de ne pas se présenter devant les juges, estimant que les conditions d’ « un procès équitable » n’étaient pas réunies.
Elle a défendu des femmes ayant enlevé leur foulard en public
L’affaire en cours inclut selon son époux des poursuites pour « conspiration » et « propagande contre le système » politique de la République islamique, appartenance à une organisation de défense des droits humains interdite, participation à une campagne pour l’abolition progressive de la peine de mort en Iran ou encore « atteinte à l’ordre public ».
Récompensée en 2012 du Prix Sakharov décerné par le Parlement européen, Me Sotoudeh a passé trois ans en prison (2010-2013) après avoir défendu des opposants arrêtés lors de manifestations en 2009.
De nombreuses voix, d’ONG, d’institutions, de pays, s’élèvent dans la communauté internationale, pour demander un « réexamen immédiat » de la sentence. Les Etats-Unis, qui ont fait de l’Iran leur principale bête noire au Moyen-Orient, ont condamné « avec la plus grande fermeté » cette décision de justice « qui va au-delà de la barbarie ».
Cette condamnation particulièrement sévère intervient trois jours après que l’Iran a nommé un nouveau chef du pouvoir judiciaire : Ebrahim Raissi, un clerc dur qui est un protégé du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. Cette nomination pourrait traduire un affaiblissement de l’influence politique du président Hassan Rohani, plus modéré. Le religieux avait perdu l’élection présidentielle face à Rohani en 2017.